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De Fürstenberg à Ketzin via Berlin JF Macaigne


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La sortie de la ville vers le Vosskanal s’effectue grâce à une écluse assez spéciale. On doit s’arrêter nettement avant, en fait dans le dernier virage, pour déclencher l’automatisme. Lorsqu’on sort de la marina, il faut donc revenir un peu en arrière. L’écluse est suivie quelques dizaines de mètres plus loin d’un joli pont levant, qui fonctionne en symbiose décalée, et s’ouvre à notre arrivée.
On entre dans le Vosskanal, très bucolique : champs, haies, boqueteaux, vaches aux yeux tendres, et une longue ligne droite bordée d’arbres. Sur la rive, les cyclistes nous doublent sans peine, spécialement ceux pour qui c’est un sport de compétition. C’est presque fatiguant, de les observer…

Une dernière écluse (Liebenwalde), et c’est le canal entre l’Oder et la Havel, qui va nous emmener très calmement jusqu’à Oranienburg, dernière halte avant Berlin. Nous sommes partis vers 11h (j’ai honte), nous y serons vers 18h00. Il faut dire qu’avant, il y a l’écluse de Lehnitz, dont la réputation n’est plus à faire. Cet ouvrage, qui commande l’accès nord de Berlin, est emprunté par tous les gros gabarits croisés sur le canal en venant. Ils sont évidemment prioritaires, et les bateaux de plaisance doivent attendre, ce qui est logique. Le hic, c’est qu’on ne sait jamais quand on va passer. Alors, on se colle derrière la file d’attente, et… on patiente. Nous avons eu pas mal de chance : notre séjour ne fut que d’un gros quart d’heure. Le prochain passage était prévu pour 17h45, finalement nous avons tous émigré à 17h tapantes, juste après qu’un pousseur et ses deux énormes barges soit passé.
Le sas est immense, on pourrait y caser une marina entière, et finalement, se vide en une dizaine de minutes. L’immense guillotine s’ouvre, on passe dessous, et à nous le Lehnitz See !
Quelques bernaches plus tard, nous entrons dans le petit chenal d’Oranienburg qui pénètre jusqu’au centre ville, et nous nous amarrons à la marina WSC-Möwe, qui jouxte un grand jardin public. Accueil royal, même si nous ne parlons pas la langue de Gœthe, et sourires au menu. L’endroit est idéalement situé, au calme et près de tout. Si vous n’y trouvez pas de place, essayez le port du château, un peu plus loin, et en désespoir de cause, le quai (gratuit mais sans commodités) à l’entrée de la ville.
Le château est une grande bâtisse blanche un peu austère, où vivait Louise Henriette, princesse d’Oranien, l’épouse du Prince électeur de Brandebourg Frédéric-Guillaume Ier. C’est le plus ancien des châteaux baroques du Brandebourg, considéré au début du XVIIIe comme le plus beau de Prusse. Il donne d’un côté sur la rivière et de l’autre sur de grands jardins où des floralies permanentes font une promenade extraordinaire, tant pour l’œil que pour le nez.

Nous remontons la Havelstraße vers l’église St Nicolai, en centre ville, et sous nos pas, de petits pavés de cuivre rappellent les noms des déportés des camps de concentration d’Oranienburg. Le premier de tous en Prusse à partir de 1933. Il sera déplacé en 36 à Sachsenhausen, un peu plus loin en dehors de la ville ; C’est là que furent expérimentées les méthodes d’extermination comme l’asphyxie ou les fours crématoires. Plus de 100 000 personnes y périront.
Le silence s’est fait d’un coup entre nous lorsque nous avons réalisé ce qu’étaient les petits pavés de cuivre. Il y en avait partout, noyés au milieu des pavés de granit des trottoirs. Ces petits clous carrés sont tous gravés de l'un des noms de ceux qui périrent ici.

     
Texte & photos : © JF Macaigne
 
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