ABBEYSHRULE
Une nuit dans le port de Ballymahon vaut tous les cinq étoiles du monde. Pas un bruit, ni même une chouette. Le matin est idéal, et dans le carré de la 935, le soleil naissant éclaire d’une lumière jaune les arbustes et les fleurs autour du bateau. Le poste d’eau est situé au bout du quai, mais, à condition d’être attaché au dernier bollard, la longueur du tuyau va jusque-là. Pour ne pas avoir à ré-appuyer sur le bouton pressoir toute les minutes, gardez le enfoncé, le débit sera plus important, et le temps de remplissage réduit.
Nous repartons, et quelques kilomètres plus loin, nous passons sous Toome Bridge. Ce pont était l’endroit où les passagers de la diligence vers Athlone, plus bas sur le Shannon, se réunissaient pour l’attraper dans les années 1830.
D’autres ponts suivent : Fowlard’s Bridge, Molly Ward’s Bridge, Guy’s Bridge… Le ciel tourne au sublime. Les nuages continuent de filer à toute allure et se reflètent parfaitement dans l’eau du canal. Nous avons l’impression de glisser sans bruit sur un miroir de rêve. Autour de nous ce sont pâtures, petites haies vertes et murets de pierres grises. L’image de l’Irlande telle qu’on se la représente.
Abbeyshrule ressemble à un village de carte postale. Sous les regards intéressés d’un âne et d’une biquette, nous nous sommes promenés dans ce minuscule hameau blotti autour de son vieux pont, où il n’y a ni épicerie, ni commerce, en dehors d’un restaurant paisible. Les combats terribles des années 900 sont enfouis au plus profond des champs alentour, et la paix règne désormais sur le village. A une centaine de mètres du croisement qui jouxte le port, on peut voir les ruines d’une petite église abbatiale cistercienne des années 1200, « colonisée » par les moines de l’abbaye de Melifont. Il y eut cependant probablement un autre site chrétien antérieur à cette église. Le cimetière voisin possède quelques tombes anciennes, ainsi que des vestiges épars de l’ancienne « Abbaye de Shrule » qui donna son nom à la ville.
Difficile d’aller plus loin sans mettre en péril notre arrivée en temps utile à Ballinamore, c’est pourquoi nous faisons demi-tour après le déjeuner et repartons vers notre point de départ, avec la sensation délicieuse d’avoir fait l’école buissonnière.