Le Lot amont se joue à guichets fermés. 74 km de Luzech à Larnagol, c’est tout. Et pourtant, c’est énorme ! Tant de beauté, tant de plaisirs concentrés, cela méritait une visite.

« … Au lieu que je déclare
le fleuve Lot coule son eau peu claire
qui maints rochers traverse et environne
Pour saller joindre au droict fil de Garonne
A brief parler c’est Cahors en Quercy »

On a tant chanté le Lot que c’eût été offense que de ne pas s’attacher aux vers de Clément Marot. Nous avons donc retrouvé lesdites eaux peu claires à la base Le Boat de Douelle, à une quinzaine de kilomètres de Cahors. C’est l’une des 3 bases les plus fréquentées du loueur en France et à juste raison, comme on va le voir. Là nous attendait un Calypso, l’un des bateaux familiaux de Le Boat qui le propose dans sa gamme de gestion locative. C’est un bateau très confortable, un peu "à l’ancienne", qui permet grâce à un tirant d’eau très faible de s’aventurer dans les endroits peu accessibles. La terrasse est généreuse, la plage avant est source de plaisirs renouvelés, et l’intérieur est cosy et élégant. Et enfin, sans vouloir contredire ce cher Clément, les eaux du Lot sont d’une transparence telle que l’on voit le fond et les herbes qui s’allongent mollement, ce qui crée quand même une drôle d’impression peu sécurisante. Mais, c’est vrai, par moment, le fond est noir.
On ne voit quasiment que des bateaux de location par ici. La raison en est simple : le tronçon de Lot sur lequel nous allons naviguer, 74 km entre Luzech - à l’ouest - et Larnagol - à l’est -, est coupé depuis 1927 de l’aval de la rivière. Les bateaux privés sont donc isolés du reste du réseau français, et un propriétaire réfléchira à deux fois avant de placer ici une embarcation qui ne naviguera que sur 74 km.

Le vin, la truffe, les noix et les canards
On atteint Douelle en traversant les vignes du château Les Bouysses(2), un excellent cahors. En levant le nez, on s’aperçoit que l’on est entouré de vignes sur les collines environnantes. Nous sommes ici en plein Quercy, et le vin que l’on y trouve faisait autrefois le délice des rois et grands de ce monde. Ce vignoble fut hélas entièrement détruit par le phylloxéra à la fin du XIXe siècle. Il fallut attendre un demi-siècle pour qu’en 1947, quelques vignerons fondent la cave coopérative de Parnac, à quelques kilomètres d’ici seulement, et commencent de faire revivre le malbec, cépage originel du cahors. C’est une réussite, et le vin noir commence à retrouver son rang. On trouve aussi depuis quelques années un blanc et un rosé tout à fait remarquable, sec mais fruité, très abordable, parfait pour les températures estivales. Tous les renseignements que l’on souhaite - on goûte, aussi - sont à la Villa Cahors Malbec, qui jouxte l’office du tourisme de Cahors, place François Mitterrand.
L’autre star du Quercy - quel pays de cocagne ! - est la truffe. La capitale en est Lalbenque, à une vingtaine de kilomètres au sud de Cahors, où le champignon noir est considéré comme un trésor. Du 1er mardi de décembre à mars, hélas en dehors de la saison fluviale, les marchés de Lalbenque attirent les plus grands professionnels. On trouve le diamant noir un peu partout sous la forme de petits pots, en supermarchés ou dans les magasins de "produits du terroir"… Pour clore avec le chapitre de la gastronomie, on trouve du foie gras, du canard sous toutes ses formes (du magret au confit), l’agneau que l’on voit entretenir l’herbe des collines, un excellent melon, le Rocamadour bien connu des amateurs de fromage de chèvre, quantité de gâteaux aux noix plus succulents les uns que les autres, et… du safran, cultivé ici depuis le Moyen Âge. Surtout pas de souci pour des kilos éventuels et superflus, ils fondent comme neige au soleil dès que l’on entame les balades. Il faut dire que ça grimpe, par ici !