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Le LOT amont
 JF
Macaigne

Présentation - Luzech/Douelle/Mercuès - Cahors - Laroque/Savannac/Vers/Bouziès - St Cirq-la-Popie - Larnagol
 
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Des saveurs de paradis
En sortant de Cahors, on passe au pied de la tour des Pendus, où l’on ne pendit jamais personne, qui faisait partie de l’ancienne enceinte de la ville. On passe l’écluse de Lacombe, puis on laisse le joli village de Laroque-des-Arcs sur la gauche, avec sa petite chapelle St-Roch tout en haut du piton rocheux. C’est ensuite l’écluse d’Arcambal, et c’est dans le petit bief qui la suit qu’il faudra être prudent : les bateaux à passagers peuvent surgir à tout moment, et le passage n’est pas large. C’est surtout gênant en avalant, car il faut attendre qu’ils sortent du chenal, ou reculer s’il n’y a pas la place… Après être passé sous le pont de l’A 20, on arrive face au village de Savanac, où l’on peut accoster… en face. Un quai(6) et un ponton offrent une halte délicieuse et calme pour la nuit, face aux reflets incroyables du village dans l’eau qui prend le matin des allures de peinture surréaliste. Avant, à l’heure où les brumes s’étirent avec langueur, le petit-déjeuner a des saveurs de paradis.
C’est à partir d’ici que les peintres de marine d’eau douce vont se réjouir. Les reflets dans l’eau virent au chef-d’œuvre. Que ce soit les arbres, la roche brute, les falaises, les villages, tout, absolument tout est sujet à l’admiration. Nous arrivons à Vers(7) en fin d’après-midi, et découvrons ce petit village romantique et charmant qui s’apprête à passer une nuit calme. Un village qui tire son nom d’une petite rivière qui se jette dans le Lot à cet endroit. Au moment où la lumière commence à baisser, nous avons parcouru Vers à pied. Au confluent existait au XIVe siècle un châtelet, sorte d’avant-poste sur la rivière pendant la guerre de Cent Ans contre les Anglais. Ceux-ci étaient le plus souvent retranchés dans des cavernes fortifiées comme on en voit à Bouziès, un peu plus haut en amont, et effectuaient des razzias sur les villages français du Quercy. En se promenant sous les platanes, on a peine à s’imaginer qu’il y a 600 ans de cela, des combats extrêmement violents agitaient ces endroits délicieux. Vers possède un restaurant réputé dans la région pour sa cuisine du Quercy : "La truite dorée"(8). Nous remontons sur le Calypso et un homme passe avec un gros cabas. « Bonsoir messieurs dames, je suis fermier, j’ai des œufs frais, ça vous intéresse ? » J’ai rarement autant regretté d’avoir fait le plein d’œufs au supermarché avant de partir.
Nous sommes repartis le lendemain matin, pas trop tôt. Autour de nous, des murailles de pierre entourées de vert s’élancent à plus d’une centaine de mètres en hauteur, nous obligeant à lever les yeux. L’écluse de Planiols, puis celle de St-Géry amorcent un trajet de plus en plus rocheux. Des trous énormes grêlent les falaises, et les bateaux croisés paraissent minuscules dans cet univers de géants. Nous passons Bouziès-Bas, qui se reflète dans la rivière. Le village a l’air bien joli, mais aucun ponton ne nous permet d’aborder. Après l’écluse, nous voici face à une passerelle suspendue entre la roche et le village de Bouziès. Deux pontons accueillent les bateaux à passagers de Lot croisières(9) qui emmènent leur flot de touristes vers les falaises en amont et St-Cirq-Lapopie, et les bateaux de location amarrés en épi. Il reste encore des places pour passer un moment, et après le déjeuner, nous faisons quelques pas dans le hameau, puis nous empruntons la passerelle afin de contempler de plus près le "défilé des Anglais" enchâssé dans la roche sur l’autre rive. Au XIVe siècle, le Lot était la seule voie de communication. Des brigands s’installèrent donc dans différents repaires troglodytes pour rançonner les voyageurs et razzier les villages. Celui-ci est le plus fameux. C’est entre autres de ce repaire inexpugnable que partaient les expéditions contre les Français pendant la guerre de Cent Ans.
Nous repartons ensuite entre les falaises grises et blanches qui plongent dans la rivière. L’eau est plate, il n’y a pas un bruit, c’est de toute beauté. Un chemin de halage a été creusé en 1845. On y voyait alors des chevaux ou des hommes qui tiraient à la bricole. Un petit quai, avec 2 bollards et des anneaux, permet d’attacher 2 bateaux au maximum, mais personne n’est supposé y passer la journée non plus. L’endroit est spectaculaire. À quelques mètres des bollards, une série de sculptures dans la roche réalisées par Daniel Monnier en 1985 symbolise le Lot, avec ses fossiles, sa faune et sa flore, et aussi ses tourbillons. Plus loin, l’écluse de Ganil ouvre le bief vers St-Cirq-Lapopie. Le petit canal qui suit est très étroit, et les croisements sont difficiles, il vaut donc mieux prendre ses précautions. Au retour, nous avons croisé un chaland faucardeur qui avançait à la vitesse d’un escargot malade. Nous étions dans le courant du barrage, avalants, à jouer les canards et à tourner en rond. Je vous laisse imaginer…

 
   
Texte & photos : © JF Macaigne