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Les bateaux de Venise
 JF Macaigne

 
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Les vaporetti
vaporettoDepuis, beaucoup d’eau a coulé sous le Rialto, et les derniers vaporetti se sont équipés de toute la technologie moderne : deux gros Fiat de 280cv chacun, et informatique embarquée. Les conducteurs manœuvrent du bout des doigts un petit volant d’une vingtaine de centimètres de diamètre, certains – nous ne sommes pas en Italie pour rien - avec des gants noirs anti-dérapant.
Sur la lagune, on croise quantité de modèles différents. Certains modernes, d’autres plus anciens. Dans mon préféré, qui date de quelques années, on peut s’asseoir à l’avant pour profiter du paysage, comme dans les plates-formes des autobus d’autrefois. Si jamais vous vous levez pour prendre une photo, soyez sûr en revanche de vous faire apostropher par le pilote, dont vous bouchez la vue… L’un des sports favoris des touristes empruntant la ligne 1, celle qui va du Lido à la Piazziale Roma (où arrivent les bus depuis le continent) via le Grand Canal en jouant l’omnibus, est de reconnaître les palais qui bordent cette avenue aquatique somptueuse, et de les nommer les uns après les autres. Il y a du travail. Et mieux vaut ne pas se tromper, car en ce domaine l’erreur n’est pas humaine, elle est impardonnable.
vaporettovaporettoUne balade en vaporetto est, elle, inoubliable. Ce bateau unique au monde est une icône en soi, comme la gondole. Il ferraille, roule, tangue. On étouffe l’été dans la cabine, et aux heures de pointe, on s’interroge sur le nombre de passagers autorisés. J’ai fait un jour de Noël un trajet de quelques minutes sur le Grand Canal qui compte dans la vie d’un homme. La compagnie avait supprimé la moitié des lignes en service ce jour-là, et les rares bateaux étaient pris d’assaut par les vénitiens. A Noël, curieusement, les touristes se font rares. Le vaporetto était plein à ras bord et le noir de la coque disparaissait sous l’eau par moment. Dès que quelqu’un bougeait, il se mettait à rouler à n’en plus finir, et on entendait quelques murmures dans la foule compacte debout. Quelqu’un a suggéré que l’on était peut-être un peu nombreux. Un autre a dit alors : « avez-vous déjà entendu parlé d’un vaporetto qui ait coulé ? ». J’ai eu beau fouiller ma mémoire, je n’ai pas trouvé de réponse. vaporettoLa suite du trajet est devenu alors plus sereine, moins tendue, plus… ludique. En tout cas certainement plus vénitienne. Quoiqu’il en soit, je ne connaît pas de promenade plus fantastique que celle que l’on fait en arrivant à Venise pour rejoindre l’hôtel. La toute première, où l’on se tord le cou pour voir si rien n’a changé. Il en est une autre, toujours dans ce même vaporetto, est celle que l’on pratique de nuit, très tard, lorsqu’on n’est plus que quelques uns sur le bateau qui remonte le Grand Canal. Là, les sons changent, l’écho ferraille, les grincements de la coque contre le ponton prend soudain des dimensions de film fantastique, les lumières qui se reflètent dans l’eau noire semblent venir du dessous, de là où se cachent les anciens mystères vénitiens. On croise parfois un taxi solitaire qui rentre se coucher, ou qui va attendre l’amant qui se sauve, dans le rio au bas de l’hôtel…

Cet article est paru dans le magazine FLUVIAL n°196, en octobre 2009.
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Texte & photos : © JF Macaigne