Oranges hurlantes
Parmi les bateaux que l’on côtoie tous les jours à Venise, il en est que l’on remarque. Ceux qui se sont fait copieusement arroser à l’arrêt d’un vaporetto par une vedette orange ou jaune passant à proximité toutes sirènes hurlantes m’auront compris. Les ambulances vénitiennes constituent une famille à part. Lorsqu’on entend la sirène, mieux vaut s’écarter. Le bateau passe, déjaugé au maximum, en soulevant un sillage conséquent qui vient mordre les murs des maisons alentour. Avant que les autorités n’y mettent le holà il y a quelques années, quelques excités se prenaient pour des ambulances et sillonnaient les petits rii en faisant danser le rock acrobatique aux barques le long des pieux. Il semble que cette mode démente se soit quelque peu calmée.
Les moteurs qui propulsent les ambulances ne sont pas plus puissants que les autres : ici c’est le règne du Volvo Penta de 200cv pour beaucoup. Ils sont simplement plus « sollicités ». Une équipe ambulancière œuvre en moyenne 14 fois par jour, 6 jours par semaine. Ils sont en général trois dans le canot, un pour conduire, et deux infirmiers. Le patient est allongé sur une civière, comme dans une ambulance sur roues, et chargé à l’intérieur avec un luxe de précautions. Ensuite, direction l’hôpital, dans le sestiere de Castello, face au Colleone, sculpté par Verrochio.

Cet article est paru dans le magazine FLUVIAL n°196, en octobre 2009.
Vous pouvez l'obtenir en cliquant ici