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Les bateaux de Venise
 JF Macaigne

 
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Les bateaux verts
Bateau poubelle Venisebateau poubelle VeniseOn ne pourrait pas quitter cette revue de détail des bateaux à moteur de Venise sans dire quelques mots de ceux que l’on voit tous les jours, et qui effectuent leur travail avec une conscience qui les honore. Ils sont tous verts, en ferraille plus ou moins rouillée, avec une petite cabine ou encore un pare vent blanc, et sillonnent les rii les plus étroits. Comme en France, ils fonctionnent toute la journée, et il arrive aussi là-bas comme ici, qu’on se retrouve coincés derrière eux. Ils travaillent, eux. Ce sont les « camions poubelles », chargés de collecter les ordures ménagères des Vénitiens. Croyez-moi, ça n’est pas parce qu’on fait ça sur l’eau que c’est plus marrant. De plus, l’hiver, le temps est glacial et très humide, et les hommes de la voirie sont dehors. Pas une sinécure.
Costa SerenaLe Vénitien dépose ses sacs en plastiques dans des coins discrets, ou dans des containers à roulettes, sorte de brouette à grands panneaux latéraux de métal prévue à cet effet. Dans la journée, un éboueur, à la barre de son bateau poubelle, tout autant rouillé que nos camions de ramassage, les récupère. Grâce à un bras articulé, une petite grue se saisit de ladite brouette, et la place juste au-dessus d’un container vide du bateau. Le fond de la brouette s’ouvre brusquement, et le contenu s’en va rejoindre les ordures déjà récupérées. Comme il n’y a pas de système de compactage des détritus dans la coque, les containers sont remplis les uns après les autres, jusqu’à épuisement de l’espace vide. Le bateau repart ensuite jusqu’au point de déchargement. Fin de l’aventure vénitienne. Les containers iront rejoindre de grosses barges qui attendent derrière la gare centrale, et rallier la terre ferme où les ordures seront traitées comme des ordures ordinaires, comme on dit lorsqu’on chasse le léopard casqué.
On terminera cette revue de détail par quelques monstres de passage, hauts comme des immeubles de 12 étages : les paquebots de croisière qui remontent ou descendent la Giudecca, guidés par les remorqueurs de la ville. Le premier surprend, après, on s’habitue. Enfin, pas toujours… C’est toujours très surprenant de se retrouver dans l’ombre de l’un de ces monstres lorsqu’on est à bord d’une gondole ou d’un canot.

Le nombre de bateaux différents que l’on croise à Venise est ahurissant. La plupart n’ont pas de moteur, et se manœuvrent encore à la rame. C’est là où Gilberto Penzo prend le relais. Il n’y a pas de meilleur spécialiste. Pour un amateur de belles coques, tout ceci n’est que du rêve, une utopie. Alphonse Allais voulait bâtir les villes à la campagne, les vénitiens l’ont réalisé sur l’eau. Ils ont pris le temps, vous me direz. Comme quoi, il faut savoir peaufiner son ouvrage.

Cet article est paru dans le magazine FLUVIAL n°196, en octobre 2009.
Vous pouvez l'obtenir en cliquant ici

 
   
Texte & photos : © JF Macaigne