La
Hollande peut se visiter de quantité de façons. Mais la
meilleure de toute, peut-être, est de le faire sur l’eau,
sur ces canaux qui quadrillent tout le pays. Ils sont minuscules ou
immenses, tels le « Amsterdam-Rijnkanaal » ou le «
Nordzeekanaal », mais tous possèdent leurs charmes et leurs
particularités. C’est ainsi, en bateau, que l’on
apprécie le mieux l’esprit hollandais, que l’on voit
l’envers du décor, la face cachée des maisons, et
que la proverbiale hospitalité des Néerlandais se fait
complicité.
Il existe tant de possibilités pour naviguer en Hollande qu’il
est impossible de les décrire toutes, et c’est pourquoi
nous avons dû faire un choix. En l’occurrence, celui des
canaux du Nord, d’Amsterdam à Amsterdam, via Zaanstadt
et Edam.
Nous
avons été récupérer notre péniche
à Loosdrecht, à 35 km au sud d’Amsterdam, à
la base nautique Locaboat,
sur les bords d’étangs sauvages où nichent hérons,
canards, et poules d’eau et qui prennent, à l’aube,
des teintes rosées et bleues, sur tapis de brume. Paysage irréel,
peuplé de longs fantômes blancs qui s’étirent
lentement sans un bruit, à peine un clapotis le long de la berge.
L’accueil
d’Herman et de Carla réconforte, après de longues
heures passées sur l’autoroute à ronger notre frein
dans les embouteillages du vendredi après-midi. Deux heures et
demi pour 35 kilomètres ! Nous sommes dans un état semi
comateux lorsque Carla nous donne avec le sourire les clefs de notre
bateau, une jolie pénichette habillée de rouge, propre
comme un florin neuf (il n’y a plus de florins, maintenant c’est
l’euro, et c’est bien pratique, mais on peut toujours avoir
la nostalgie, n’est-ce-pas…).
|
|
|
|
|
|
Elle s’appelle Loosdrecht, comme
le village où nous sommes, et son patronyme nous permet de nous
familiariser avec la prononciation. Elle peut accueillir jusqu’à
7 adultes, mais le confort idéal se situe à 4 ou 5. Nous
serons deux couples et trois enfants, et personne ne s’est gêné,
pendant tout le trajet. 11 mètres de long pour plus de 3 de large,
toute en bois vernis, et pourvue de tout le confort, four, frigidaire,
salle de douche, radio et lecteur de CD, chauffage, et des fenêtres
partout pour profiter du paysage.
Christophe,
français qui a choisi de vivre ici, et on le comprend, nous explique
le maniement du bateau, et tous les petits secrets indispensables pour
une croisière heureuse. Sans son aval (le terme me paraît
particulièrement bien choisi) on ne part pas, sécurité
oblige. Tout cela nous a réveillé, et nous nous familiarisons
avec les cartes, les « brug » et les « sluis »
(les ponts et les écluses, et Dieu sait s’il en a), les
distances, les hauteurs de ponts (essentiel !), le prix des péages,
les coutumes, etc…De toutes façons, l’équipe
nous remet un document personnalisé en fonction de notre trajet,
où tout est expliqué.
Nous faisons quelques emplettes de première nécessité
au petit supermarché contigu à la base, et nous voilà
parés. Il
est temps, d’ailleurs, car nous devons être à Amsterdam
ce soir pour récupérer l’autre moitié de
l’équipage, qui arrive par le Thalys de 21h15.
Nous larguons les amarres, et nous
partons pour l’aventure, vers le grand canal « Amsterdam-Rijnkanaal
», voie directe pour Amsterdam. Ce n’est pas, et de loin,
le chemin le plus beau ni le plus tranquille, mais c’est le plus
rapide. Qui veut la fin veut les moyens.
Pas
d’écluses, pas de ponts, mais des bateaux énormes
qui nous font danser sur leurs sillages. Quoiqu’il en soit, nous
avons récupéré nos compagnons de route juste derrière
la gare centrale, et nous sommes allés nous amarrer au «
Sixhaven », une base de plaisance face à la gare centrale,
sur la rive d’en face. Là, un ferry qui fonctionne 24h/24
peut vous ramener à Amsterdam en quelques minutes, et c’est
bien pratique pour visiter la ville.
1 2 3 4 5 6 > >>