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En descendant le canal du Nivernais  
JF Macaigne


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Après une nuit bercée par le son des feuilles tremblotantes des hêtres agitées par le vent et un silence seulement troublé par des aboiements de chiens dans le lointain, nous sommes repartis doucement. Courte halte à Chevroches, aux portes de Clamecy, pour constater que le village est un enchantement, merci Merlin. Une petite précision : pour arriver à l’église, prenez la rue de l’Enfer. Ça ne s’invente pas…

 

En tout début d’après-midi, nous amarrons à Clamecy avant l’ouverture des magasins. Nous ferons l’avitaillement plus tard. Pour l’instant, c’est l’heure de visiter. Il y a des noms qui « sonnent » aux oreilles. Pour moi, Clamecy fait partie de ceux-là, et ne m’en demandez pas la raison, je ne saurais vous la dire. Des souvenirs d’une autre vie, peut-être ?
Pourquoi fallait-il un évêché ici, sachant qu’il y en a déjà à Autun, Auxerre, et Nevers, tous proches. La raison nous ramène en 1168, lorsque Guillaume IV de Nevers, parti l’année d’avant en croisade, meurt de la peste à Saint-Jean-d’Acre. Dans son testament, il souhaite reposer à Bethléem, et lègue à cet évêché l’hôpital de Pantenor, à Clamecy, pour que celui-ci accueille les évêques si jamais la terre sainte revenait aux « infidèles ». On connaît la suite… Cela dura jusqu’au Concordat de 1801. De l’évêché, il ne reste que le souvenir, cette étrange église de béton de style byzantin, qui jouxte les restes d’une chapelle du XIIIème, et le patronyme du quartier « Bethléem ».

Ce sont ses habitants qui ont fait la renommée de la ville natale d’Alain Colas et de Romain Rolland (1). Ils flottaient le bois qui venait des forêts du Morvan voisin et partait sur Paris par l’Yonne et la Seine en longues suites de radeaux. Le souvenir des « Flotteurs », dont les familles habitaient le quartier de Bethléem est perpétué tous les ans au 14 juillet par des joutes fluviales. Le gagnant devient « le roi sec », et est porté triomphalement jusqu’à la mairie. Le « roi mou », est celui qui tombe à l’eau.
C’est vous dire si nous avons fait attention en débarquant…

En ville, on rencontre nombre de superbes maisons à pans de bois, et des ambiances moyenâgeuses à chaque coin de rue. On trouve aussi une sculpture de César, fruit d’une liaison difficile entre un cheval égaré dans une armure et un panneau solaire de satellite de télécommunication. Il y a, sans beaucoup chercher (on la voit de partout), la collégiale Saint Martin, construite entre XIIe et XVIe, petite dentelle de pierres aux vitraux précieux. Ne soyez pas surpris de voir flotter un drapeau français au sommet : il s’agit d’un privilège accordé à Clamecy sous le Directoire, pour remplacer le bonnet phrygien qui flottait là pendant la Terreur. Pour connaître l’histoire si riche de la vielle et les détails sur les vieilles maisons que vous allez rencontrer en flânant dans les ruelles fraîches, faites d’abord un tour à l’Office du Tourisme, au coin de la rue de la Monnaie et la rue du Grand Marché.

En revenant au bateau, surprise ! Le petit port est plein, et les quais s’organisent en camping méditerranéen… N’étant pas d’instinct grégaire, nous avons préféré notre quiétude solitaire et avons repris un peu la route. Enfin… le canal. Pour ceux qui aiment les vieilles pierres chargées d’histoires, signalons cette splendide ferme fortifiée, juste après la double écluse de Basseville. Nous avons planté les piquets (quelle belle invention !) juste après le pont-levis de Pousseaux, en pleine nature. Un quart d’heure plus tard, un autre bateau est venu se placer à trente mètres de nous. Le reste des deux kilomètres de berges étaient vides…

(1) Et aussi de Claude Tillier, auteur de « mon oncle Benjamin », si cher à Jacques Brel.

     
Texte & photos : ©JF Macaigne
   
 
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