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La
Hollande par le Sud JF Macaigne |
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Cela
faisait un moment que j’entendais des ordres en néerlandais
qui paraissaient flotter sur le canal. J’ai donc ouvert la porte
de la cabine arrière pour jeter un œil dehors pour me rendre
compte. Le dimanche, les hollandais pratiquent les sports nautiques.
De bonne heure. Un skiff et un quatre avec barreur, composé de
cinq dames ayant probablement des petits enfants s’offraient une
petite course sur l’eau immaculée. Le paysage est passé du champêtre à l’industriel.
Une usine, avec ses longs tuyaux verticaux, aurait pu faire aisément,
en des temps anciens, la couverture d’un vinyle des Pink Floyd. Un dernier pont levant, et nous sommes entrés en ville, au milieu de maisons somptueuses et étranges parfois, sur le calme d’un petit canal ombragé bordé de demeures victoriennes. Après avoir évité le nid d’une poule d’eau (1), protégé par la municipalité (il n’y a qu’en Hollande où l’on peut voir ce genre d’attention), nous nous sommes attachés à un long ponton de bois où des amoureux prenaient le soleil. Tout est fermé, le dimanche, excepté les cafés, et les magasins ne rouvrent que le lundi après-midi. C’est donc un petit air de vacances qui planait autour de nous : quelques joggeurs, des jeunes filles qui passaient en riant, beaucoup de chiens qui promenaient leurs maîtres, parfois avec véhémence. Un tour de clef, et direction la vieille ville. En fait, nous y étions déjà ! Utrecht n’est que beauté, surprises (il faut savoir lever le nez), petites rues délicieuses, façades à pignon ciselés, statues, cafés sympas, porches magnifiques. Une sorte d’Amélie Poulain du tourisme. Partout, une petite histoire, une photo surprenante, un coin de rêve… Dans Oudegracht, le canal de la vieille cité, une foule joyeuse, parfois bruyante, mais toujours souriante, se balade en canot (certains sont magnifiques), pédalos, kayaks, et même cabin-cruisers de luxe. Sur les berges de briques brunes, des cafés ont récupéré l’espace des petits entrepôts nichés à l’intérieur des quais. On y dîne ou prend un verre en écoutant le carillon du beffroi du XIVème siècle (2), le plus haut de Hollande. D’en haut, perché à 112m, on peut apercevoir Amsterdam par beau temps. En dessous, un accordéon pleure des chansons de Piaf dans l’indifférence générale. Et à côté, quelques hordes de japonais visitent la cathédrale construite en 1254 pour remplacer celle détruite dans un incendie l’année précédente. Dans les cafés branchés, on s’alanguit, on discute, on s’étale, on partage le paysage et les grandes discussions. Une montgolfière survole la ville sans bruit, doucement, comme en rêve. En bas, nous sommes revenus au bateau sans nous presser, en profitant de l’air doux du crépuscule. (1) Comme quoi, même
sur l’eau, il peut y avoir des nids de poule…
(2) Domtoren, qui à l’origine, faisait partie intégrante de la cathédrale. |
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Texte
& photos : ©JF & P Macaigne
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