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Le Canal calédonien

 

De Fort Augustus à Inverness, par le loch Ness
 JF
Macaigne

 
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Il est permis d’avoir des envies. Les nôtres étaient : Highlands, Loch Ness, Nessie, whisky, navigation dans un paysage sublime. Tout cela tient en deux mots : Canal Calédonien. Cent kilomètres de bonheur. Naviguer sur le Loch Ness, l’un des endroits les plus mythiques du monde… un rêve. Nous avons voulu le réaliser, en nous élançant sur les eaux du Canal Calédonien, en Ecosse. De Fort William à Inverness, au cœur des Highlands, le voyage va au bout de l’exotisme.
Le bout du monde…
L’avion atterrit à Glasgow, et immédiatement, on sait que l’on est en Grande-Bretagne. Il suffit de poser les yeux par terre et de regarder cette merveilleuse moquette qui fut grise et blanche un jour, où les chaussures glissent sans bruit au long des couloirs de l’aéroport. Mais Glasgow n’est pas l’Angleterre. Ici, nous sommes sur une terre spéciale, où on rrroule les « r », où les sportifs lancent des troncs ou des boulets, font glisser des bouilloires, et où les jeunes filles dansent en sautillant, jupes courtes et chaussures vernies, sur des musiques endiablées. Ici, c’est l’Ecosse, terre de rugby, de whisky, et de lacs à monstres.
Ailleurs, en quelque sorte...
Pour s’en convaincre, il suffit de croiser au supermarché de Glasgow où l’on fait les courses ce jeune homme au visage vert et bleu, sérieux comme un pape, quoiqu’un peu gêné quand même. C’est en en croisant d’autres, pas forcément avec les mêmes couleurs, accompagnés de jeunes filles en costume de Mardi Gras que nous réaliserons que la fête du samedi soir battait son plein dans le centre commercial voisin. D’ailleurs, Mardi Gras, c’est le samedi soir. Le reste du temps, on est sérieux.
Nous aussi. Eliane, Patricia, Claude et moi-même sommes venus spécialement de France pour voguer sur les eaux noires du Loch Ness, si possible dire bonjour à Nessie, et parcourir le canal Calédonien. Autrement dit, nous avons du bread sur la planche. Pour nous rendre à Laggan, la base Le Boat où nous attend un Clipper confortablement douillet et accueillant, nous avons loué une voiture, sur les recommandations des avions oranges. Si d’aventure vous en faites autant, ne manquez pas de bien étudier le contrat avant de partir. Un rachat de franchise sur place peut rallonger considérablement la mise, augmenté des frais de TVA locale (20%). Nous avons ainsi vu notre facture doublée par rapport au prix de départ.
Cela dit, le trajet est incroyablement beau et sauvage, à travers les cols de la Glen Coe(1), au pied des 1344m du Ben Nevis(2) et de ses neiges éternelles. Une fois franchi ce décor lunaire, on plonge sur Fort William et le Loch Lochy pour attendre Laggan, en 4 heures de route environ. Une route sinueuse et étroite, où l’on conduit à gauche, mais où la politesse et la courtoisie prévalent. Décidemment, nous sommes autre part.
La base Le Boat de Laggan est tout au bout du Loch Lochy. Le long du ponton, le Clipper est prêt à s’élancer. Onze mètres, deux cabines pour quatre, c’est très confortable, et plein de petits rangements pratiques pour les courses et les vêtements. Le temps de tout organiser, il est déjà 23 h, en ne perdant pas de vue que nous avons perdu une heure dans le décalage horaire. Pourtant, il ne fait pas nuit. C’est un crépuscule clair sans lueur de soleil, une lumière venue de nulle part qui nous rappelle que nous sommes déjà hauts en latitude, à la hauteur du sud de la Suède.
Cette extrémité du Loch Lochy a des airs de bout du monde. La bouée orange au bout du ponton ouvre un œil rond sur des eaux plates et sombres, ceinturées de montagnes vertes dont le sommet se cache par moments dans les nuages. Dans la baie, un bateau rouge semble attendre un équipage pour explorer des mers lointaines… ou des fonds proches, qui sait ? Nous sommes ici quasiment au plus haut du Canal Calédonien. Une fois franchie l’écluse de Laggan, vers l’Est, nous serons avalants. De l’autre côté, vers l’Ouest et le Loch Lochy, on a l’impression que plus rien n’existe après le lac. Comme si la terre était plate et que nous soyons à l’extrémité. Une extrémité peuplée de moutons.

(1) La plus célèbre des vallées écossaises
(2) Le plus haut mont du Royaume-Uni

 

 
   
Texte & photos : © JF Macaigne