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Le Canal calédonien

 

De Fort Augustus à Inverness, par le loch Ness
 JF
Macaigne

 
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Fort Augustus : cinq bassinées pour Nessie
Nous arrivons à l’heure des pubs. L’échelle des 5 écluses ouvrira demain matin à 9 heures. Les horaires sont affichés en haut et en bas sur de petites horloges noir et blanches, mais des petits malins ont changé l’horaire de la montée, la passant à 3h de l’après midi. Cela fait pester les éclusiers. Derrière un bow-window, un pot de chambre en faïence peinte fait office de décoration. Nous descendons à pied le long des bassins, par la rue où il n’y a grand monde exceptés deux hommes qui repeignent une façade sur des échelles instables, et poussons jusqu’au Loch Ness, tout proche. Il semble calme et tranquille, mais les nuages sont très bas, et j’appréhende la météo de demain matin.
Ce lac est en lui-même un mythe. Non seulement en raison du mystère qui l’habite, mais aussi de par sa nature. C’est le plus volumineux lac d’Ecosse, très ancien, qui s’est formé avec la faille du Great Glen. Une faille toujours active d’ailleurs, car on relève environ 3 à 4 tremblements de terre par siècle, d’environ 4 sur l’échelle de Richter. Le Ness mesure un peu plus de 37 km de long sur 1,5 km de large, et ses eaux noires et opaques qui ne gèlent jamais descendent jusqu’à 225 m environ. Il a environ 10 000 ans, et date de la dernière glaciation, époque à laquelle l’Ecosse était entièrement sous la glace, où l’on pouvait passer à pied sec de Grande-Bretagne en France, bien avant le tunnel sous la Manche.
On a prétendu que Nessie, en théorie un plésiosaure de 9 m de long - dont l’espèce est disparue à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d’années - s’était laissé piéger dans le Loch au moment de sa formation, ce qui n’explique pas comment il aurait pu débarquer d’un glacier en train de fondre. Tout cela est très nébuleux. Certains prétendent qu’on trouve bien dans la mer des cœlacanthes, eux aussi censés être disparus à la fin du Crétacé, et que les tortues, apparues il y a 200 millions d’années sont encore en pleine forme. Pas toutes, notez. Mais depuis que j’ai entendu que les oiseaux descendent directement des dinosaures, je regarde les merles du jardin avec un œil différent.
Après une douche délicieuse dans les sanitaires réservés aux plaisanciers (tellement délicieuse que nous oublierons la clef à l’intérieur…), soirée de tests comparatifs au pub, où nous nous documentons sur le lancer de tronc (des mélèzes de 60 kg) pour ne pas faire de bêtises avec nos allumettes. Nous passons donc une bonne nuit au calme avec des rêves de bêtes étranges qui nous regardent un verre de scotch à la main.
Le matin, branle bas de combat, la descente commence. On entre dans le sas, en compagnie d’un petit voilier, puis on coupe le moteur et on tient son bateau comme un toutou en laisse, guidé dans la manœuvre de toute une troupe d’éclusiers rigolards mais efficaces. Cela permet de faire des économies de gasoil, de se muscler un peu avec le souvenir de la bricole, et accessoirement d’épargner aux autochtones riverains des effluves nauséabondes. Et, de sas en sas, de portes noires en portes noires, on arrive en bas, où se trouve - devinez - un pont tournant, ultime prélude avant LE lac.
Il est là, mystérieux, dans un nuage au ras de l’eau sombre. Un bateau parti il y a quelques minutes est déjà en train de se dissoudre dans la brume. Nous longeons l’ancienne abbaye St Benedict de Fort Augustus, dépassons le phare blanc minuscule coiffé d’un chapeau chinois en chaume, et nous voici enfin à pied d’œuvre.
Nessie se cache-t il au cœur de la nuée grise ?

 

 
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Texte & photos : © JF Macaigne