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Venise en automne JF
Macaigne
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A
une trentaine de kilomètres au sud de Venise, à la pointe
de la lagune, Chioggia, où se trouve une base Locaboat, est l’un
des principaux port de pêche italien. Riante et colorée,
la petite cité offre ses palais du seizième et dix-septième
siècle, ses canaux, ses barques bigarrées, et ses reflets
chamarrés. La nuit, lorsque la brume tombe sur la lagune, la ville prend un tout autre aspect. La corne de brume émet son cri lugubre, les murs deviennent ombres, les ruelles coupe gorge, les quais s’inspirent de Dickens, et les canaux du peintre Turner. Le bruit des pas s’estompe, et l’on croise les fantômes de la nuit. Les grands chalutiers tristes qui reposent le long des quais dévoilent leur ferraille fantôme sous les lanternes blafardes. Un passant se hâte, l’échine courbée comme s’il portait le poids du monde. L’éclairage pénètre avec lenteur le brouillard des venelles, et les grands pieux sombres percent l’eau des canaux comme sortis du royaume des morts. Sur le toit de l’hôtel de ville, une cloche de bronze égrène ses heures, solitaire. Un couple d’amoureux profite du désert citadin et de la complicité de la nuit pour s’embrasser sur un banc, face à une église. Un pont tout droit sorti de la Renaissance les protège, car, une fois passé, on aboutit à une impasse. Demain est un autre jour.
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Texte
& photos: © JF Macaigne
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